Aux États-Unis, en Angleterre, au Canada et même en Allemagne, le mois de février célèbre le Black History Month pour commémorer les personnalités noires qui ont marqué l’histoire du pays. Mais parce qu’en France on ne voit pas les couleurs et que le moindre soupçon de communautarisme suffit à faire frissonner le gouvernement, nous sommes privés de cette célébration, malgré les efforts existants.

Avoir un Black History Month serait pourtant l’occasion de non seulement faire enfin face au passé colonial de la France, mais aussi de reconnaître le rôle des Africains dans l’histoire du pays. Face au peu d’initiatives gouvernementales, tournons-nous plutôt vers les propositions d’individus qui se réapproprient et partagent l’héritage africain qu quotidien. Nous n’allons pas mentionner les grands comptes que tout le monde connaît déjà, mais plutôt les initiatives culturelles, jeunes et innovantes de la diaspora africaine.

Comme d’habitude, nous sommes dans une perspective de soutien via le mouvement Buy Black. La plupart des initiatives citées sont sur Instagram, alors suivez-les, consommez-les, parlez d’elles, encouragez-les !

1. Nsibentum : le « cheveutologue » émancipateur du cheveu afro

Le métier de “cheveutologue” n’existe pas (encore) dans le dictionnaire, mais Nsibentum, congolais et ancien consultant en entreprise compte bien en faire une réalité. Il prône la beauté noire via l’utilisation des techniques anciennes, comme le faisaient nos ancêtres africains. Sa première mission : éduquer les enfants et les jeunes femmes sur la manière dont prendre soin de leurs cheveux. Et quand on est une personne noire, on sait le rôle que le cheveu afro joue sur notre identité et notre estime de soi. Étant un homme, il brise non seulement le cliché selon lequel les hommes ne se coiffent pas, mais démontre également que les personnes noires peuvent arborer une chevelure longue, dense et soyeuse.

2. Des jeux de société pour célébrer le Black History Month

Les jeux sont un moyen ludique d’apprendre, et de transmettre l’histoire tout en s’amusant. Wari Wari est un jeu jeu drôle conçu pour deux à six joueurs qui mêle jeu de plateau et cartes de questions/réponses.

La marque Griotek crée plusieurs jeux de carte, dont Moko : le 8 américain en langues africaines, ainsi que Jekat, un jeu de poker panafricain. Gardez un œil sur eux, ils enchaînent les créations dernièrement.

Quant à Nadhani, c’est un jeu de société inspirant pour découvrir des personnages afrodescendants qui ont marqué l’histoire par leurs actions. Le jeu est en parfaite adéquation avec le Black History Month !

3. Afrilangues : une plateforme pour apprendre les langues africaines

En tant que femme noire originaire du Bénin mais ayant grandi en France, l’une de mes plus grandes frustrations provient de ma non-maîtrise du Fongbe (la langue la plus parlée au Bénin), et même du Mina qui est la langue maternelle de ma mère (Togo). Lorsqu’on vit en occident, il est très facile d’oublier ses racines et sa culture si elle n’est pas fortement perpétuée par la famille. Et bien que l’apprentissage de ces langues ne soit pas valorisé en occident, Afrilangues veut répondre à ce besoin qui soulève des questions identitaires. La plateforme propose des cours en ligne de plus de 15 langues africaines pour enfants et adultes ! Une belle manière de valoriser l’héritage linguistique africain qui avait été délaissé à l’époque coloniale, avec l’imposition des langues européennes.

4. L’émergence de librairies afro à Paris

Les librairies Présence Africaine, Tamery Sematawy ou encore LisThéRatures sont nées pour répondre à un problème : l’absence de livres d’auteurs africains dans les bibliothèques et magasins, au profit d’œuvres américaines dont la cible (américaine) est pourtant minime en France. Entre Présence africaine qui est également une maison d’édition depuis 1949, Tamery Sematawy qui livre dans le monde entier et LisThéRatures qui est aussi un salon de thé et un espace de coworking, on n’a vraiment plus d’excuses pour ne pas se procurer des œuvres black-owned et sur le Black History Month, surtout pendant le confinement.

5. Grandeur Noire : le média qui rétablit l’histoire africaine (la vraie)

La jeune femme derrière cette initiative s’est donné pour mission de raconter « l’excellence, le génie, les victoires, la résilience et la beauté des peuples africains et de leur diaspora » sur Instagram, YouTube et sur son site. Vous serez surpris de voir l’étendue des informations qui ne nous ont jamais été enseignées à l’école ! D’ailleurs, Safia, la créatrice de la chaîne a lancé une collecte de fonds pour réaliser le documentaire « L’Afrique qu’on ne nous montre pas ». Un projet ambitieux que je vous encourage fortement à soutenir.

6. African Digital Art : un collectif visant à mettre en lumière les créateurs africains

L’initiative consiste en un espace créatif ainsi qu’un moyen de repousser les limites créatives et d’encourager l’inspiration. Les œuvres mises en avant vont de la production audiovisuelle à l’animation, de l’art graphique aux projets interactifs et vous avez même accès à une vue filtrée par région africaine. Le réseau African Digital Art est simplement le reflet de la jeunesse noire créative, moderne, audacieuse et talentueuse. Les œuvres sont si authentiques que je me demande comment on peut encore trouver des design de personnages noirs bâclés ou irréalistes dans les médias modernes.

7. Aistou Cuisine : celle qui veut valoriser l’Afrique à travers sa richesse culinaire

Qui dit cuisine africaine dit forcément arômes, épices et textures riches. À travers ses recettes, la sénégalaise Aistou s’inspire du terroir ouest-africain pour expérimenter des saveurs uniques réalisées à partir de plantes, fruits et arômes souvent méconnus du grand public. Rêveuse, sa passion pour la cuisine lui a donné l’impulsion de partager son brin de folie avec nous, et on ne va surtout pas s’en plaindre ! C’est le genre d’initiative qui est véritablement utile aux gens comme moi, qui ont toujours faim, mais ne savent pas comment cuisiner des plats de chez eux ou n’ont pas forcément la motivation de le faire. Rassurez-vous, la détermination arrive dès qu’on aperçoit les plats d’Aistou. Admirez ses recettes et revenez nous dire quels plats vous allez tester pour célébrer Black History Month à votre manière.

8. Le Petit Manuel des Cheveux et des Coiffures Crépues

Le projet de Nsibentum est une chose et celui de LPMCC en est une autre. Nous avons enfin deux guides concrets et complets pour comprendre, prendre soin et coiffer les cheveux afro ! Avec l’histoire esclavagiste et coloniale, on en oublie que les cheveux afro ont auparavant été maîtrisés, adorés, embellis par nos ancêtres. Ils font pourtant partie d’un héritage africain non négligeable que les deux manuels tentent de nous transmettre au travers de méthodes, recettes de soin, accessoires et tutoriels à la portée de tous. Je possède les deux et ne regrette pas mon achat, car ce sont des livres que je garderai à vie et pourrai même transmettre à mes petits enfants, tant les informations y sont précieuses et intemporelles.

Vous avez vu, ce ne sont pas les initiatives qui manquent. Normalement vous avez de quoi faire pour vous renseigner sur l’histoire et la culture africaines. Consultez mon article sur le Black Travel pour retrouver les initiatives de voyage, et celui sur la mode black-owned pour avoir une vue plus complète.

Vous connaissez d’autres initiatives à intégrer à cette sélection ? Citez-les dans les commentaires pour faire profiter tout le monde à l’occasion du Black History Month et tous les autres jours de l’année.

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